Critique de Desierto, la traque continue

[vc_message color= »success »]Cette critique est garantie 100% sans spoiler ![/vc_message]

[vc_message color= »info »]Attention, cette sélection est purement subjective et ne concerne que le point de vue de l’auteur comme chaque sélection ou top disponible sur Erreur42.[/vc_message]

Desierto sort mercredi dans les salles et l’équipe d’Erreur42 était à l’avant première officielle en présence de l’équipe du film le 31 mars. C’est donc une critique un petit peu différtente car elle mélangera nos deux avis (Aliztar Curtis et moi, Quentin)

Présentation

Comme pour Gravity, mes principales références ont été Duel, de Spielberg, et Runaway Train, de Kontchalovski… Deux films qui semblent être de purs thrillers, de purs films d’action, mais qui finalement dépassent l’action pour devenir existentiels…

Desierto est le premier film de Jonás Cuarón, le fils d’Alfonso Cuarón (qu’on connait pour GravityLes Fils de l’hommeHarry Potter et le Prisonnier d’Azkaban entre autre). Il n’est pas totalement inconnu du 7ème Art puisque il avait d’ores et déjà réalisé deux courts métrages et scénarisé Gravity.

Un des deux court métrage en question (que vous pouvez retrouver ici) est, de plus, intiment lié à Gravity puisque il s’agit de la scène de dans laquelle Sandra Bullock, coincée dans une capsule spatiale russe, utilise la radio et entre en contact avec quelqu’un qui ne parle pas anglais et ne la comprend pas mais qui, cette fois ci, est vue de la personne sur terre.

Desierto est donc le premier long métrage de Jonás Cuarón mais il n’aura pas été de tout repos pour autant. En effet le tournage dans le désert (véritable personnage à part entière du film) a créé de véritables contretemps, allant même jusqu’à repousser le tournage de la fin du film ! Les effets du désert n’avaient pas été anticipés par le réalisateur : chaleur, isolement et problèmes de télécommunications, animaux hostiles…

Lorsque l’été est arrivé, après dix semaines de tournage, on a dû arrêter car c’était littéralement insupportable. Puis, il a plu. Lorsqu’il pleut, le désert devient tout vert en une seule nuit. On a dû attendre quasiment un an avant de reprendre le tournage et tourner une dernière semaine

La (double) Critique

Desierto, à l’instar de The Revenant, est un film sensoriel. On n’en sort pas vraiment serein et détendu, mais avec la sensation d’avoir marché des heures sous un soleil de plomb et de s’être pris une flèche dans le genoux. C’est très réussi et ça passe par une alchimie entre la musique, le cadrage, le décor, le jeu d’acteur et le maquillage.

Desierto, est très simple (et non simpliste) dans son scénario. Le film est est entièrement basé sur une traqueUne série de meurtres sanglants exécutés par un seul homme et son chien. Ce qui est intéressant c’est que tout dans ce film a du poids. Chaque coup de feu raisonne et perce les oreilles et les meurtres, bien que parfois gore et violents, ne sont pas d’une violence gratuite simulée à coup de grandes effusions de sang. La violence est viscérale et poignante. Chaque coup de feu tiré à un impact humain. Desierto c’est un film intense qui ne relâche jamais la tension. C’est une fuite ininterrompue. Les scènes de course poursuite et de fusillade sont d’une tension poignante.

© Version Originale / Condor

A la manière d’un Duel de Steven Spielberg le film laisse rapidement se démarquer les deux personnages centraux entre qui, sans jamais se parler ou se croiser du regard, une confrontation sanglante se met en place.

Desierto a aussi une façon assez amusante de jouer avec les codes du film d’horreur (plus spécialement les slashers). On retrouve l’image d’un grand groupe de personnes harcelé sans cesse par un tueur seul, incassable et inébranlable qui, même en marchant, réussit toujours à rattraper ses proies. Le chien, aussi, est filmé comme un monstre terrifiant, courant à une vitesse incroyable accompagné du bruit très reconnaissable de ses pattes sur le sol. Pourtant certains codes sont aussi renversés comme par exemple le rapport au jour et à la nuit. Traditionnellement le jour est une période rassurante, et c’est la nuit que le tueur se met en chasse. Ici c’est l’inverse: les héros se font attaquer le jour, et font une pause tranquille la nuit. Desertio c’est donc en quelque sorte une version mexicaine d’Halloween.

Mais Desierto n’est bien évidement pas exempt de tout défaut, et notamment en ce qui concerne le traitement des personnages et de leur histoire. Le personnage principal interprété par Gael Garcia Bernal (acteur mexicain renommé longtemps absent des écrans) est un parfait inconnu pendant plus de la moitié du film et même si les tentatives pour le rendre attachant sont présentes, les procédés employés sont assez classiques. Le méchant, joué par Jeffrey Dean Morgan n’est pas du tout développé. On ne sait rien de lui, de qui il est, de ses motivations… C’est sans doute un parti pris volontaire visant à montre que « la mort peut venir de n’importe qui », mais en pratique on reste sur sa faim puisque certains scènes (le montrant avoir des remord par exemple) lancent des pistes qui ne sont jamais approfondies. Au final le personnage crée presque plus d’empathie chez le spectateur que le groupe de mexicains pris en chasse (ce qui est très paradoxal). On suppose donc le personnage de Jeffrey Dean Morgan guidé par la loi du talion.

© Version Originale / Condor

On finira par relever quelque petites facilités scénaristiques comme l’incapacité du méchant à tuer le héros quand il a une ligne de tir dégagée ou son chargeur de fusil, sans doute plus grand à l’intérieur.

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