Critique de Luke Cage, le (trop) calme après la tempête

[vc_message color= »success »]Cette critique est garantie 100% sans spoiler ![/vc_message]

[vc_message color= »info »]Attention, cette critique est purement subjective et ne concerne que le point de vue de l’auteur comme chaque critique disponible sur Erreur42.[/vc_message]

Non contents d’être omniprésents sur les écrans de cinéma, les super-héros continuent à compenser leur disparition progressive des bibliothèques d’adolescents en envahissant également, pour notre plus grand plaisir, le petit écran. Ces dernières années les séries de super-héros (ou en tout cas adaptées de comics) se sont multipliées et c’est de l’une d’elle qu’il va être question aujourd’hui puisque ce que vous êtes en train de lire, c’est la critique de la série Netflix Luke Cage !

Luke Cage est donc une série en exclusivité sur Netflix, créée par un certain Cheo Hodari Coker. On y suit les aventures de Luke Cage, un super-héros Marvel sur lequel vous pouvez tout savoir en cliquant ici !

Après les évènements de la saison 1 de Jessica Jones, Luke Cage est retourné vivre à Harlem où il vit une vie aussi banale que possible malgré ses super-pouvoirs, balayant des cheveux dans un salon de coiffure le jour et faisant la plonge dans un night-club la nuit. Mais Cage va se retrouver entrainer dans des magouilles politiques mélées à des intrigues mafieuses et devra, souvent à l’insu de son plein grés, se servir de ses poings (et de sa peau je suppose…)

https://www.youtube.com/watch?v=pROyIsdRInM

Clarifions les choses tout de suite : Luke Cage est une bien moins bonne série que Daredevil et Jessica Jones, les deux autres séries issues de la collaboration entre Marvel et Netflix. Mais avant d’établir les raisons de ce phénomène, penchons-nous un peu sur ce qui est réussi chez Luke Cage.

Tout d’abord, et c’est ce qui a été le plus largement plébiscité à sa sortie, l’ambiance musicale de Luke Cage est absolument délicieuse. Entre Jazz et Hip-Hop, les musiques sont variées et portent largement le rythme et l’ambiance de la série. Il y a même des chansons originales par des artistes reconnus. En dehors des chansons, la bande-son s’inspire d’Ennio Morricone pour faire de Luke Cage un « western urbain », et ça c’est plutôt une bonne idée et c’est assez réussi. D’autant que Luke Cage jouit d’une réalisation plutôt inspiré et d’un excellent éclairage. Esthétiquement, pour une série, on est dans le haut du panier.

Comme pour Daredevil (et dans une moindre mesure Jessica Jones), Luke Cage rend honneur à la tradition du héros urbain en faisant du quartier de Harlem un personnage à part entière, ou au moins un environnement vivant qu’on explore longuement lors des déambulations du héros. La série, comme son héros, est ancrée à Harlem, ne peut s’y détacher, mais l’aime véritablement et veut rendre le quartier le plus beau possible.

Marvel's Luke Cage
Marvel’s Luke Cage

Enfin mention spécial pour le quatrième épisode qui est absolument parfait. Il fait office d’origin story et est vraiment efficace. Les références au comics y sont nombreuses et bien amenées, le personnage est bien traité, l’histoire est fidèle aux comics mais sait s’adapter au cadre de la série… Bref cet épisode est un véritable film Luke Cage inséré au sein de la série et fait plaisir à voir.

Mais à part ça, qu’est-ce qui ne va pas ? Et bien plus ou moins tout le reste en fait ! La série soufre déjà d’un vrai problème de rythme. Cette saison comporte 13 épisodes qui font entre 40 minutes et 1 heure. C’est quand même vraiment long. Et dire que la série prend son temps serait un euphémisme. En réalité ça traine en longueur. Certains épisodes on a juste l’impression que tout le monde parle au ralenti, c’est absurde !

Et il en découle une mollesse qui englobe toute la série. Les scènes d’actions manquent de dynamisme et que le suspense est quasiment absent. Les supers-pouvoirs de Cage sont assez mal exploités, et ces combats sont beaucoup moins cools que dans Jessica Jones (avec parfois des allures d’Asterix tout à fait mal venues !).

Pour expliquer la mollesse de la série, il faut aussi pointer du doigt le jeu d’acteur de Mike Colter (Luke Cage) qui a l’air endormi du début à la fin. Son jeu est complètement monocorde, sur le même ton de la première à la dernière minute. La série étend la durée de ses épisodes par des longs panoramas et des déambulation en ville donnant à certaines scènes des aspects de clip musicale mais faisant également apparaitre le vide du scenario…

Nous avons déjà parlé de la performance de Mike Colter qui était parfait en second rôle mais qui n’a pas la prestance nécessaire et le panache pour supporter le premier rôle. Cependant le reste du casting n’est pas en reste. Simone Missick (Misty Knight) et Alfre Woodard (Black Maria) semblent engagées dans un concours de celle qui jouera le moins bien (nan mais sérieusement on dirait vraiment qu’elles le font exprès). Pendant ce temps-là Eric LaRay Harvey (Diamondback) déclame son texte comme s’il était sur une scène de théâtre Shakespearien, ce qui rompt totalement avec l’ambiance de la série. En somme l’acting de cette série est assez dur à avaler.

cottonmouthlukecage

Un autre point beaucoup plus subjectif sur lequel je voudrais m’attarder : je trouve que Luke Cage manque de fantaisie. J’ai découvert le personnage avec les comics des années 70, très Pulp et hauts en couleur. Or la série opte pour une dimension relativement réaliste. Je suis donc pas mal resté sur ma faim. Un exemple assez simple : dans les comics Shade tire des lasers avec ses lunettes. Mais ce n’est pas du tout raccord avec l’esprit de la série. J’ai donc espéré tout du long le voir tirer des lasers avec ses lunettes tout en sachant pertinemment que ça n’arriverait pas. Et absolument tous les personnages ont ainsi été vidés de leur fantaisie et, d’une certaine sorte, de leur saveur (Cottonmouth en premier). C’est un parti pris qui plaira à certains, mais j’ai trouvé ça vraiment dommage.

Luke Cage cède également au « name dropping », c’est-à-dire balancer dans tous les dialogues un maximum de références à des œuvres ou à des personnes existantes pour caractériser culturellement les personnages et donner un effet de réel. C’est assez fatiguant, surtout quand on ne connait rien au Basketball et que la série s’ouvre sur 5 longues minutes de discussions à ce sujet. Cependant les films cités sont tous bons, donc regardez The Warriors. Ce n’est qu’un des écueils des dialogues de cette série qui ne sont jamais convaincants et ne sont généralement qu’un enchaînement de clichés et de poncifs assommants et exaspérants.

Luke Cage n’est pas une mauvaise série. Elle a de très grandes qualités et beaucoup des défauts que j’ai relevé sont juste des choix qui ne m’ont pas plu. Donc même si j’ai trouvé l’écriture lourde, les acteurs mauvais, les combats laids et l’ensemble ennuyeux, certain apprécieront une ambiance feutrée et se retrouveront dans l’identité urbaine de la série. Pour autant ce n’est pas une série que je conseille, elle n’a guère servi qu’à me rappeler que Tarantino voulait adapter Luke Cage sur grand écran, et que ça aurait été vachement mieux.

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