Critique de Rogue One: the force is strong with this one

L’an dernier Star Wars VII : Le réveil de la force initiait le nouveau cycle des films Star Wars commandés par Disney, nouveaux détenteurs de la franchise. Très apprécié par certains, largement décrié par d’autres, le film de JJ Abrams est loin d’avoir fait l’unanimité. Alors, quand un an plus tard, il nous est possible de repartir en direction de cette galaxie très très lointaine avec Rogue One : a Star Wars Story, un spin off se déroulant entre les épisodes 3 et 4, on est en droit de se demander si le voyage vaut le prix du billet !

Jyn Erso est une roublarde qui mène une vie de hors-la-loi dans une galaxie sous domination impériale. En tout cas jusqu’au jour où la Rébellion la recrute et lui demande de récupérer des informations envoyées par son père, contraint de travailler pour l’Empire. Aux devants d’une étrange équipe de fortune, Jyn va tenter de sauver la Rébellion de l’arme secrète de l’Empire : l’Etoile de la Mort !

Mettons les choses au clair immédiatement : Rogue One  de Gareth Edwards est un des meilleurs films Star Wars jusqu’ici ! Tout d’abord Rogue One est un « standalone movie ». Cela signifie que, contrairement à tous les films Star Wars avant lui, il ne s’inscrit dans aucune trilogie et peut donc être considéré en tant que tel. Même si les autres films, dans une certaine mesure, se suffisent à eux même et ont leur propre identité, certains s’inscrivent à l’avance dans une série de films, comme le Réveil de la Force qui, même s’il peut être visionné dans l’optique d’un film unique, prépare très clairement le terrain pour la suite. Rogue One se débarrasse de cette contrainte, et c’est pour le mieux.

L’autre atout majeur du film c’est sa galerie de personnages, tous campés par des acteurs prometteurs. Jyn Erso est interprétée par Felicity Jones, qui a le charisme nécessaire pour porter le premier rôle et qui incarne parfaitement le cheminement intellectuel du personnage tout au long du film. Diego Luna (qui joue Cassian Andor) porte l’ambiguïté de son personnage avec brio, K-2SO (doublé par Alan Tudyk) apporte la touche comique qu’il fallait, à l’inverse même d’un Jar Jar, (un statut qu’il partage avec Bodhi Rook, brillamment interprété par Riz Ahmed), et les acteurs chinois Donnie Yen (Chirrut Îmwe) et Jiang Wen (Baze Malbus) forment un duo d’enfer qui aurait pu porter le film à lui tout seul. A cette belle équipe viennent se greffer les noms réputés de Mads Mikkelsen et Forest Whitaker, qui assurent dans des seconds rôles.

Mention spéciale pour Dark Vador à qui James Earl Jones prête une nouvelle fois sa voix, et qui est plus imposant, plus terrifiant et plus dangereux que jamais (il écope d’une des meilleures scènes du film !)

L’équipe au complet !

Le scénario bénéficie d’une écriture soignée et travaillée même si le film démarre très (trop) vite, nous trimbalant d’ellipses en ellipses, d’un lieu à un autre, de personnages en personnages… Mais pour peu qu’on se concentre un peu, une fois les enjeux installés et les personnages introduits, l’histoire prend tout son sens. Les péripéties s’enchaînent, les liens se tissent entre les personnages, et on s’attache à eux à une vitesse incroyable ! De plus le film ose une fin comme on n’en a pas vu à Hollywood depuis très longtemps et qui vous marquera à coup sûr, juste après une bataille admirablement servie par des effets spéciaux époustouflants !

Un nouveau regard est porté sur l’univers de Star Wars ; un regard plus dur, plus réaliste, complètement désenchanté. Dans ce contexte de guerre civile, le film se charge également d’un propos pertinent sur l’insurrection et les convictions politiques. Une toute nouvelle approche de la rébellion face à l’image « bon enfant » qui lui est donnée dans les premiers Star Wars. Il y a des morts, de la destruction, des victimes collatérales… Il s’agit de savoir si le risque en vaut la peine

Chirrut Îmwe, meilleur personnage du film ?

La magie de Rogue One tient en un mot : dosage. C’est un équilibre parfait : ce qu’il faut de comique, ce qu’il faut de drame, ce qu’il faut d’action, ce qu’il faut de clins d’œil, d’hommages, de nouveautés… Un équilibre millimétré qui comble le spectateur à la perfection ! Cette mesure se ressent également dans la réalisation qui, bien qu’osant des plans particulièrement esthétiques et travaillés, ne tombe jamais dans la surenchère tape à l’œil.

Enfin, quelques points noirs viennent tout de même obscurcir le tableau. Comme évoqué précédemment le début du film souffre du trop grand nombre de personnages à introduire en trop peu de temps.

Mais il y également un point ou nos deux rédacteurs sont en désaccord : la musique. Pour Aliztar Curtis Michael Giacchino (Star Trek Into Darkness) nous livre une performance très oubliable, qui colle certes très bien à l’action, mais qui est à des années lumières des chefs d’œuvre symphoniques de John Williams. Alors que pour Quentin Giacchino a pris des risques en tentant de rénover l’univers musical de Star Wars, en tout cas certainement plus que John Williams avec l’épisode 7. Une performance d’autant plus honorable quand on sait le délai très court qu’il a eu pour composer la bande originale.

Les Dark Trooper en pleine traque

Rogue One : a Star Wars Story est le film que l’on attendait plus. Un nouveau regard porté à la fois sur la saga Star Wars, mais aussi sur les blockbusters hollywoodiens. Le film frôle la perfection et les quelques fausses notes sont noyées dans un océan d’effets spéciaux grandioses, de performances d’acteurs, de fulgurances de réalisation…

Cette réussite quasi-absolue de la part de Gareth Edwards symbolisera, pour ceux qui ont été décus pas l’épisode 7, Un Nouvel Espoir !

Cet article a été co-écrit par Quentin Aliztar Curtis

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  1. Bonjour, je suis globalement d’accord avec votre article. Je commençais sérieusement à désespérer de la saga. Toutefois, je tiens à signaler la participation du co-scénariste Tony Gilroy, qui visiblement aurait pris une grande part dans la conception et la réalisation du film. La production, peut satisfaite d’un montage de Gareth Edwards a rajouter 5 semaines de tournage ( c’est énorme ! Cela équivaut à la durée de tournage d’un long-métrage ) pour tourner des séquences supplémentaires, réajuster le montage, tout cela sous la houlette de Tony Gilroy. Il aurait mis la main aux manettes plus qu’on ne le dit. Toutefois la production tient à spécifier ( pour éviter toute polémique, je présume ) que Gareth était présent et que la collaboration avec Tony était très étroite. Visiblement il c’était passé la même chose sur le tournage de « Godzilla » et les deux personnes ont l’air de s’apprécier et s’estimer. Pour la petite histoire, je tiens à rajouter que Tony Gilroy est le fils de Frank D. Gilroy, décédé en 2015 et réalisateur un peu oublié. Je recommande son western « C’est arrivé entre midi et trois heures » (From Noon till Three) western avec Charles Bronson sorti en 1976.

    Francis Noire aka Ronan

    1. Effectivement Tony Gilroy a supervisé les reshoots et même plus puisqu’il aurait également assisté Gareth Edwards en phase de post production.
      Mais ce n’est pas tout puisque l’un des 3 monteurs du film n’est autre que John Gilroy, le frère de Tony Gilroy. On peut donc supposer qu’il a également pu aider son frère ou en tout cas l’influencer dans le montage tout au long du film !

      Le 3eme frère Gilroy, Dan est lui même réalisateur et scénariste, il a signé le méconnu mais excellent »Nightcall » (Nightcrawler en anglais) avec Jake Gyllenhaal & Riz Ahmed (qui tient le rôle de Bodhi dans Rogue One), le monde est définitivement petit.

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