Critique de Ghost In The Shell: un défi majeur

Ghost in the shell est certainement l’un des plus gros film de l’année et un véritable pari pour Paramount qui a souffert d’une année 2016 sans gros succès. Malgré des polémiques sur son casting et des fans réticents à l’idée d’une adaptation live de l’animé culte, le film en reste l’un des blockbusters les plus attendus. Sans revenir sur la « polémique » de whitewashing (même si Mamoru Oshii lui même trouve Scarlett Johansson « parfaite pour le rôle ») le film n’a pas eu la meilleure des publicités possibles, mais ces erreurs de parcours sont elles représentatives du film ou annoncent-t-elles des véritables prises de risques dans l’univers fermé des blockbusters ?

Dans un futur proche, le Major est unique en son genre: humaine sauvée d’un terrible accident, son corps aux capacités cybernétiques lui permet de lutter contre les plus dangereux criminels. Face à une menace d’un nouveau genre qui permet de pirater et de contrôler les esprits, le Major est la seule à pouvoir la combattre. Alors qu’elle s’apprête à affronter ce nouvel ennemi, elle découvre qu’on lui a menti : sa vie n’a pas été sauvée, on la lui a volée. Rien ne l’arrêtera pour comprendre son passé, trouver les responsables et les empêcher de recommencer avec d’autres.

Ils ne lui ont pas sauvé la vie, ils lui ont volé

Le projet « d’adaptation live » de Ghost in the Shell traîne depuis maintenant plusieurs années sur le bureau d’un certain Steven Spielberg et l’annonce du choix du réalisateur, Rupert Sanders (à qui on doit l’agréable Blanche Neige et le chasseur), en 2014 avait créé un certain nombre de réactions chez les fans qui y voyaient déjà un massacre, mais se sont-ils prononcés trop tôt ? On peut également noter que ce n’était pas Scarlett Johansson mais Margot Robbie qui était initialement convoitée pour le rôle, elle l’a finalement déclinée pour aller tourner un certain Suicide Squad.

Ils l’ont créée mais ils ne peuvent pas la contrôler

Ghost in the shell est un monument du cyber punk et il était du devoir de Rupert Sanders d’arriver à recréer cet univers cohérent et visuellement splendide. De ce coté là le pari est plus que réussi puisque les costumes, les villes (et les décors plus généralement) sont extrêmement soignés et travaillés. Le tout supporté par des effets visuels qui n’ont pas à rougir de la comparaison avec les plus grands. Avec Doctor Strange, et plus récemment Kong Skull Island, le blockbuster semble déterminer à se styliser et à prendre des risques, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Sans tomber dans l’excès, ce travail visuel permet d’enfin différencier des films qui se suivent et se ressemblent de plus en plus.

Mais à l’inverse, la où le film excelle dans son ambiance et son univers, il déçoit en réduisant au maximum l’aspect « enquête », contrairement à ce que pouvait laissait croire la bande annonce, et cela ne joue pas vraiment en sa faveur. Ghost in the Shell version 2017 emprunte beaucoup au thriller, où le suspense est la clé, mais le scénario est ici très scolaire tout comme sa fin qui en devient prévisible dès le premier quart d’heure. Ces facilités de scénarios rendent le film lisse quand à ses enjeux qui prennent pourtant une résonance encore plus importante dans notre société actuelle que dans les années 1980, lors de la publication du manga. Dommage donc.

Malgré ses faiblesses de scénarios le film se dote de personnages dans l’ensemble justes et bien écrits (ce qui est surement dû à l’oeuvre originale) même si leurs objectifs sont biaisés par l’histoire, trop prévisible. Il est également appréciable de noter que les acteurs livrent une performance de qualité mais surtout homogène. On aurait apprécié que l’aspect philosophique de la quête d’identité soit plus développé mais on se contentera de la simple présence de cette quête qui permet d’avoir un long métrage plus cohérent que la très grande majorité des grosses productions hollywoodiennes. Petit bémol sur la musique, franchement oubliable, à l’exception du thème de l’animé réutilisé ici. Que les fans soient rassurés: le remix d’Aoki n’a pas été gardé dans le film. On regrettera également l’inutilité des membres de la section 9 qui sont tout simplement absents de 90% du film.

Ghost in the shell comporte de véritables prises de risques au niveau de la réalisation, visuellement splendide et avec ses scènes de combats filmées sans shaky cam (c’est assez rare de nos jours pour le souligner) il s’inscrit comme une surprise dans le club pourtant très fermé des blockbusters avec une véritable vision. Le film de Rupert Sanders est un « film pop corn » avec une âme, loin des clichés du genre tout en restant extrêmement divertissant. Les fans de l’animé trouveront sans doute de nombreux défauts au film mais le but est ici de « vulgariser » l’univers de GITS au grand public (pour très certainement lancer une franchise lucrative) et il le réussi très bien. Rendez vous dans les salles dès ce mercredi pour savoir si une nouvelle franchise cinématographique est en train de naître.

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