Cannes 2018 : Critique de Miraï, ma petite sœur

Un film de
Mamoru Hosoda
Sortie
26 décembre 2018
Diffusion
Cinéma

Mamoru Hosoda, c’est un peu l’autre magicien japonais. Pas la peine de citer le numéro 1, le héros culturel de toute la nation qui lui fait de l’ombre. Malgré tout, Hosoda s’est forgé une vraie popularité en son pays et à l’internationale, grâce à une vision d’auteur bien à lui. Et en parlant de sa vision, s’il y a bien un thème à retenir, c’est celui de l’enfance. Et rares sont les réalisateurs à pouvoir se vanter de cerner ce sujet avec autant de pertinence.

Cette année donc, Hosoda passe à la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes, avec son nouveau film, Miraï, fini quelques jours à peine avant sa première projection. Miraï signifie « avenir » en japonais, et Hosoda va justement s’amuser continuellement avec la temporalité de son film. Mais alors, de quoi nous parle Miraï, ma petite sœur?

Le petit Kun vit avec ses parents et son chien dans son petit quotidien rassurant, jusqu’à l’arrivée d’un intrus, une petite sœur nommée Miraï. Autant dire que pour le petit garçon, c’est un monde qui s’écroule, et l’amour de ses parents qui ne lui est plus exclusif. Commence alors pour Kun-chan une quête. A travers sa famille, de ceux qui la composent comme ceux qui l’ont composée, Kun va apprendre, grandir, sans avoir à quitter son petit chez-soi. La maison de la famille de Kun devient alors un grand terrain de jeu pour Hosoda qui y exprime un monde miniature, peuplé d’enfants et… de grands enfants.

Qu’on se le dise, Miraï est une petite pépite d’animation. Malgré un scénario relativement simple, le film se permet des digressions toujours pertinentes accompagnées de délires visuels assez inattendus. Au-delà de ça, Miraï va jouer avec la carte des sentiments. Mais loin des tire-larmes grossiers (et chaque année Cannes n’en manque pas), la nouvelle oeuvre de Mamoru Hosoda va chercher dans vos souvenirs, dans ce qu’il y a de plus sincère, sans jamais vous forcer la main. C’est sûrement là le plus grand atout du film : son authenticité. Que vous ayez un frère ou une sœur importe peu, c’est à la notion de famille au sens large que Miraï fait appel.

La musique du film n’est pas en reste. En plus de toujours coller à l’ambiance légère du film, elle sait aussi se taire quand il le faut, et sortir les violons quand il le faut. Les sonorités très aériennes des cordes jouées dans les aigus sont un vrai régal et bercent le spectateur dans ce petit cocon qu’est le film.

Miraï, ma petite sœur est un incontournable de cette année. C’est un concentré de bonnes intentions, d’inventivité, de fun et de sincérité ! Une excellente expérience cinéphile et surtout, une vraie vision d’auteur. On admettra tout de même que le rythme met un certain temps à se mettre en place, mais n’est-ce pas là aussi une qualité ? Prendre son temps pour mieux saisir le spectateur… Un savoir-faire que Hosoda a parfaitement compris et qu’il semble bien parti pour perfectionner au fil de ses productions.

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