Critique de Spider-Man : Homecoming, l’ado araignée

Un film de
Jon Watts
Sortie
12 juillet 2017
Diffusion
Cinéma

Spider-Man est de retour au cinéma pour une troisième version qui sort en salles ce mercredi. Après une première trilogie encensée par la critique et deux films plus controversés l’homme araignée rejoint enfin le Marvel Cinematic Universe, mais cette nouvelle adaptation a-t-elle vraiment sa place dans cet univers déjà bien chargé ou se définit elle plutôt comme l’adaptation de trop, clichée et sans intérêt ?

Après ses spectaculaires débuts dans Captain America : Civil War, le jeune Peter Parker découvre peu à peu sa nouvelle identité, celle de Spider-Man, le super-héros lanceur de toile. Galvanisé par son expérience avec les Avengers, Peter rentre chez lui auprès de sa tante May, sous l’œil attentif de son nouveau mentor, Tony Stark. Il s’efforce de reprendre sa vie d’avant, mais au fond de lui, Peter rêve de se prouver qu’il est plus que le sympathique super héros du quartier. L’apparition d’un nouvel ennemi, le Vautour, va mettre en danger tout ce qui compte pour lui…

Je t’aime, moi non plus

Spider-Man a longtemps été source de conflits entre Sony et Marvel, les droits appartenant au premier ce qui empêchait Marvel de connecter Spider-Man à son univers cinématographique. Après des années de discussion Homecoming marque donc l’entrée du super héros araignée dans l’univers cinématographique Marvel et la promo du film l’a bien montré (au point de se demander si le film n’était pas Iron Man 4). Mais alors que l’on pouvait s’attendre à un film raté et cliché au possible (les affiches et bandes annonces n’aidant pas) ce 6ème spider Man se révèle être une véritable surprise !

Jon Wats (Clown, Cop Car), le réalisateur du film, a la lourde tache d’apporter sa propre vision de l’homme araignée après celles de Sam Raimi et de Marc Webb, et cela dans un des univers les plus connus du genre superhéroique, mais au final c’est bien là un de ses atouts. En effet, et à contrario de The Amazing Spiderman, Homecoming ne s’embarrasse pas d’une présentation de notre Spidey, cette fois ci pas de scène de piqûres ni de meurtres de l’oncle Ben, le film de Jon Wats fait l’impasse sur l’origin story du personnage pour nous offrir un film rythmé et clairement plus axé « teen movie ». Les rares spectateurs ne connaissant rien de l’homme araignée se contenteront de la maigre, mais suffisante, séquence d’introduction du film pour découvrir le tisseur de toile.

Spider-Man 2k17

Alors que la trilogie de Sam Raimi s’est illustrée par son aspect sombre et dramatique, portant une véritable réflexion sur la prise de responsabilité et le passage à l’age adulte, ce Homecoming pourrait se définir comme l’exact opposé. Spider-Man prend les traits d’un adolescent de 15 ans en proie aux problématiques qui accompagnent cette période transitoire. Jon Wats nous offre une version très différente de ce qu’on a pu voir jusqu’à maintenant, très moderne et beaucoup plus axée autour de problématiques adolescentes. Ce qu’on pourrait appeler « l’ado araignée » prendra donc une tout autre résonance chez les jeunes spectateurs puisque le film arrive à traiter ces sujets tout en restant certes très superficiel et à la limite du cliché mais en y apportant sa touche d’humour. Mais, et bien heureusement, Homecoming dépasse le stade du « teen movie » et surprend même en abordant des sujets beaucoup plus sérieux et assez inattendus.

En effet Spider-Man Homecoming se détache de la démesure des précédents films Marvel en se rapprochant de la réalité. D’ailleurs le film refuse symboliquement à plusieurs reprises d’inclure Spider-Man dans une aventure de grande ampleur, rappelant les débuts du héros en « friendly neighborhood Spidey ». Le film aborde la question de la réparation des dégâts causés par les super-héros au lendemain des événements du premier Avengers. Michael Keaton incarne un entrepreneur ayant monté son entreprise autour du nettoyage et de la récupération de matériaux aliens mais, dépossédé de son activité par Tony Stark, il est contraint de se reconvertir dans le trafic d’armes construites à partir des dits matériaux. Le Vautour est sans doute le personnage le plus intéressant du film : il commet des crimes pour protéger sa famille et ses employés, pas par plaisir ou pour le pouvoir. Il est animé par son mépris pour les puissants comme Stark qui ne se soucient que d’eux même et Keaton, habitué malgré lui aux films de super-héros, incarne parfaitement cette ambiguïté du tueur protecteur.

Au casting du film on trouve aussi Robert Downey Jr, moins présent en tant qu’Iron Man que ce que la communication autour du film avait laissé entendre, et ce n’est pas plus mal puisqu’il laisse la place nécessaire à Tom Holland pour s’épanouir et poser sa version du personnage. Il campe une version juvénile de Spider-Man, mais surtout maladroite qui tente constamment de se dépasser alors qu’il en est finalement incapable. Intéressant en terme d’humour et de développement du personnage car cela brise l’image du héros parfait, infaillible et toujours en supériorité. Une excellente dynamique s’installe entre lui, Stark et Happy, le garde du corps de Tony brillamment interprété par Jon Favreau (et qu’on voit apparaître tout au long de la saga pour n’être développé que maintenant). Spider-Man s’engageant dans une désobéissance ininterrompue aux règles qu’on lui impose pour finalement comprendre que ce qui compte, c’est les règles qu’on s’impose soi même. Une jolie morale et un parcours initiatique certes assez convenu mais plutôt efficace et adapté.

Ce premier Spider-Man version Marvel se place dans la lignée des comédies marvelesques telles que les Gardiens de la Galaxie ou Ant-Man, amateurs de l’univers sombre style DC passez votre chemin. Ici nous sommes face à un film qui joue pleinement sur le comique de situation, les personnages absurdement excessifs et autres répliques chocs. On renoue clairement avec le Spider-Man classique des comics, taquin et inconstant à qui on doit constamment rappeler qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Les situations cocasses s’enchaînent et on se surprend à rire franchement aux blagues du film.

Mais là où le film perd de son intérêt c’est à travers ses scènes d’action qui n’ont pas profitées du même soin à l’écriture. La créativité est portée disparue dans ces affrontements certes haletants mais complètement inintéressants et franchement illisibles. La réalisation n’a rien à offrir de nouveau en terme d’action, préférant jouer sur les acquis de personnages numériques convaincants et amusants à faire voler dans tous les sens, que de chercher à faire plus viscéral, impressionnant ou original. Les capacités du personnage ne sont qu’à moitié exploitées (et le réalisateur vient nous narguer en qualifiant le Spider-Sense d’intéressant à exploiter, sans l’exploiter !). Si Homecoming était sorti avant Docteur Strange, nous n’aurions pas été surpris de voir Marvel ne prendre aucun risque, mais maintenant on est en mesure d’attendre plus de créativité de leur part.

On pourrait aussi reprocher à Homecoming son implantation dans le MCU. Si ce n’est en développant le personnage de Spider-Man, déjà introduit dans Civil War et que tout le monde connait déjà, Homecoming n’apporte rien à la trame globale de l’univers cinématographique Marvel. Il ne s’agit même pas de prendre le pouls d’une société bouleversée par l’émergence soudaine du surnaturel et du super-héroïque puisque c’était déjà l’enjeux principal de Civil War (à travers le spectre politique) et des séries Netflix (plus centrées sur les « vrais gens »).

Finalement Spider-Man : Homecoming est une bonne surprise, un bon film de super-héros, réintroduisant un personnage culte et le mettant au gout du jour avec plus de finesse et de nuances que ce à quoi on pouvait s’attendre. Mais il souffre des mêmes défauts que la plupart des films Marvel récents : trop frileux en terme de dramaturgie et de réalisation, préférant se reposer sur des schémas vus et revus, mais aussi éprouvés et sûrs, que prendre des risques avec des formules plus originales mais moins assurées. On est tout de même face à un divertissement plus que correcte, drôle et divertissant, porté par un casting crédible, avec une écriture efficace et un rythme maîtrisé. A présent Spider-Man est pleinement intégré au MCU et nul doute que le rôle qu’il aura à y jouer sera bien plus important que celui qu’il mérite.

3.5
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  1. J’ai vraiment bien aimé ce film, qui s’est bien démarqué des autres (c’est vrai que la scène où il se fait piquer, et avec l’oncle Ben, on les connait par coeur…) 😀

    SPOIL SPOIL

    Dans la 2ème scène post générique, j’aurais bien vu Cap dire la célèbre phrase « with great powers come great responsibility », mais il s’est juste contenté de nous troller XD

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