Cannes 2018 : Critique de Wildlife

Un film de
Paul Dano
Sortie
19 décembre 2018
Diffusion
Cinéma

Après ses débuts remarqués en tant qu’acteur dans Little Miss Sunshine Paul Dano a profondément marqué la scène indépendante américaine. En jouant dans des films comme Prisoners, There will be blood mais surtout Swiss Army Man il s’est imposé comme l’un des acteurs les plus singulier de sa génération.

Avec Wildlife il prend un pari risqué en adaptant un roman de Richard Ford accompagné par sa femme, Zoe Kazan, à l’écriture et Jake Gyllenhaal à la production.

Dans les années 60, Joe, un adolescent de 14 ans, assiste impuissant à la lente dégradation des rapports entre son père et sa mère.

Autopsie d’une famille dysfonctionnelle

Paul Dano, et cela malgré des films comme Looper et Okja, reste attaché à la branche plus indépendante et « sundancienne » du cinéma américain ; Avec Wildlife il continue dans cette lancée mais cette fois-ci en tant que réalisateur. Mais là ou Paul Dano marque les esprits c’est que, dès son premier film, il nous impose son « style » de réalisateur qui ne manquera pas de le suivre de film en film. Si l’on peut les caricaturer et les classer rapidement dans des cases, Paul Dano et son oeuvre vont bien au delà de leurs apparences.

Avec Wildlife il nous offre une oeuvre personnelle et intime vue à travers les yeux d’un enfant, aux premiers abords naïf, mais qui se révèle finalement bien plus que cela, à la manière de son réalisateur… En gardant une structure narrative finalement très classique et une construction qui l’est tout autant Wildlife en profite pour en détourner petit à petit les codes, et cela se voit surtout dans la mise en scène : le film n’en montre jamais trop et arrive à balancer efficacement et justement ce que le spectateur voit mais surtout ce qu’il ne voit pas, tout est dans la retenue.

Paul Dano nous offre un film simple et honnête, sans essayer de camoufler une fausse virtuosité sous des prouesses techniques improbables il nous rapproche de ce qui fait un bon film : son âme.Wildlife nous raconte l’histoire toute simple de cette famille qui se décompose en même temps que ses personnages, et c’est dans cette simplicité que se forge notre attachement. Une simplicité portée par une mise en scène sobre et élégante, jouant sur l’asymétrie et sur un esthétisme très poussée qui ne manque pas de nous offrir de véritables pépites visuelles.

Le tout est porté par des acteurs justes et dans la retenue mais qui sont également poussés à l’extrême (on pense à une scène particulièrement marquante pour le personnage de Jake Gyllenhaal). Ed Oxenbould, qu’on a déjà vu dans The Visit mais surtout dans l’excellent (et méconnu) Watch Out, transmets, lui, une véritable authenticité qui porte le film.

Wildlife na pas l’intention de révolutionner le genre ni de marquer par des prouesses cinématographiques quelconques mais c’est bien cela qui en fait sa force. C’est sa simplicité et son honnêteté qui nous portent tout le long du film et le rendent fort émotionnellement. Paul Dano a réussi son pari en y mettant tout son cœur, ce qui fait déjà de lui un cinéaste à suivre de très près…

3.5

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