Les 5 meilleurs films de Bong Joon-Ho

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ong Joon-Ho à l’honneur ! On peut dire qu’en cette d’année 2017 ce réalisateur majeur de la nouvelle vague coréenne est en vogue, ici, en occident ! D’abord il y a eu la présence remarquée de Okja au festival de Cannes, puis sa diffusion sur Netflix, sa réussite critique presque unanime et enfin Mercredi 5 Juillet sortait dans certaines salles la version restaurée de Memories of Murder. L’un des films cultes de Monsieur Bong, chapeautée par La Rabbia ! Cette ressortie nous offre un prétexte de choix pour revenir sur les meilleures œuvres de ce grand réalisateur, cinq superbes films qui ont fait le cinéma coréen aujourd’hui !

Note de la rédaction : Bong Joon-Ho n’ayant réalisé que 6 long-métrages, on aurait parfaitement pu revenir sur l’intégralité de sa filmographie, si seulement son premier film, Barking Dog (never bites) n’était pas si dur à trouver. Nous avons donc plutôt opté pour un classement de ses œuvres restantes en fonction de notre préférence.

5. Okja (2017)

Pendant dix années idylliques, la jeune Mija s’est occupée sans relâche d’Okja, un énorme animal au grand cœur, auquel elle a tenu compagnie au beau milieu des montagnes de Corée du Sud. Mais la situation évolue quand une multinationale familiale capture Okja et transporte l’animal jusqu’à New York où Lucy Mirando, la directrice narcissique et égocentrique de l’entreprise, a de grands projets pour le cher ami de la jeune fille.
Sans tactique particulière, mais fixée sur son objectif, Mija se lance dans une véritable mission de sauvetage. Son périple éreintant se complique lorsqu’elle croise la route de différents groupes de capitalistes, démonstrateurs et consommateurs déterminés à s’emparer du destin d’Okja, tandis que la jeune Mija tente de ramener son ami en Corée.

Okja, n’en déplaise à certains, n’a rien à envier aux films qui sortent dans le circuit de distribution traditionnel. On y retrouve tout le style de Bong Joon-Ho, notamment dans la construction du film, qui va crescendo dans sa violence, son poids idéologique et donc la dureté de sa réalisation. Okja commence comme un conte animale sympathique et paisible pour mieux nous choquer avec l’immersion dans le monde moderne.

Le film est également porté par ces acteurs : Tilda Swinton et Jake Gyllenhaal délirants, terrifiants et hilarants, Paul Dano à la fois inquiétant et sympathique, et la révélation de Ahn Seo-hyeon, jeune actrice sud-coréenne épatante de justesse et d’émotions !

Okja est parfaitement maîtrisé, sublimement délirant et terriblement choquant  ! A ne surtout pas rater !


4. Mother (2010)

Une veuve élève son fils unique Do-joon qui est sa seule raison d’être.
A 28 ans, il est loin d’être indépendant et sa naïveté le conduit à se comporter parfois bêtement et dangereusement ce qui rend sa mère anxieuse.
Un jour, une fille est retrouvée morte et Do-joon est accusé de ce meurtre.
Afin de sauver son fils, sa mère remue ciel et terre mais l’avocat incompétent qu’elle a choisi ne lui apporte guère d’aide. La police classe très vite l’affaire.
Comptant sur son seul instinct maternel , ne se fiant à personne, la mère part elle-même à la recherche du meurtrier, prête à tout pour prouver l’innocence de son fils…

Mother est un film de vendetta comme la nouvelle vague coréenne sait si bien en produire. Un personnage se lance seul face à tout un système, pourtant infiniment plus fort, pour la vengeance l’amour ou la justice. Mother renforce cet effet du pot de terre contre le pot de fer en accentuant la faiblesse du personnage principal : une vieille dame fatiguée uniquement animée par l’amour et la dévotion maternelle. Et en face il y a tous les autres : les voyous, les arnaqueurs, les fous, les flics incompétents…

Bong Joon-Ho abandonne complètement le grotesque et charge sa réalisation de drame, de tragique et de mélancolie. Le film est porté par Kim Hye-ja qui incarne la mère avec une subtilité et une sensibilité sans pareilles. Mother est un film prenant tout du long, bouleversant dans son dernier acte et troublant dans sa conclusion… Un formidable parcours émotionnel !


3. The Host (2006)

A Séoul, Park Hee-bong tient un petit snack au bord de la rivière Han où il vit avec les siens. Il y a son fils aîné, l’immature Gang-du, sa fille Nam-joo, une championne malchanceuse de tir à l’arc, et Nam-il, son fils cadet éternellement au chômage. Tous idolâtrent la petite Hyun-seo, la fille unique de Gang-du.
Un jour, un monstre géant et inconnu jusqu’à présent, surgit des profondeurs de la rivière. Quand la créature atteint les berges, elle se met à piétiner et attaquer la foule sauvagement, détruisant tout sur son passage.
Le snack démoli, Gang-du tente de s’enfuir avec sa fille, mais il la perd dans la foule paniquée. Quand il l’aperçoit enfin, Hyun-seo est en train de se faire enlever par le monstre qui disparaît, en emportant la fillette au fond de la rivière.
La famille Park décide alors de partir en croisade contre le monstre, pour retrouver Hyun-seo…

The Host est tout simplement considéré comme l’un des meilleurs films de monstres jamais réalisé. Il nous raconte la lutte désespérée d’une famille dysfonctionnelle pour sauver une jeune fille innocente des griffes d’un terrible monstre. Une histoire assez commune, s’il en est, mais y ajoute un lutte contre les autorités, la bureaucratie et les médias. Un film d’action follement haletant, diablement émouvant et incroyablement fascinant.

The Host renferme également une critique acerbe de la société coréenne contemporaine (et de sa « fausse démocratisation »), des politiques impérialistes américaines, des médias et des armes biologiques. The Host est monument du film de monstre et un pamphlet politique exemplaire, à coup sûr un incontournable !


2. Snowpiercer, Le Transperceneige (2013)

2031. Une nouvelle ère glaciaire. Les derniers survivants ont pris place à bord du Snowpiercer, un train gigantesque condamné à tourner autour de la Terre sans jamais s’arrêter. Dans ce microcosme futuriste de métal fendant la glace, s’est recréée une hiérarchie des classes contre laquelle une poignée d’hommes entraînés par l’un d’eux tente de lutter. Car l’être humain ne changera jamais…

Bong Joon-Ho s’attaque là à l’adaptation d’un monument de la BD d’anticipation française : Le Transperceneige. Et il le fait avec une virtuosité exemplaire ! Il fait preuve d’une inventivité légendaire en modulant sa réalisation à chaque wagon mettant en scène la misère, le directivisme, la débauche, le luxe… Snowpiercer est un voyage halluciné dans un système social pervers et incarné par ce décor unique.

Ajoutez à cela une une intrigue riche en rebondissements et chargée de symboles, des scènes d’action élégantes et violentes et Chris Evans comme vous ne l’avez jamais vu (et comme vous ne le verrez plus jamais) et vous obtiendrez un bijoux de science-fiction qui se place en allégorie de la lutte de classes et de l’ascension social tout en offrant une réflexion poussée sur le rôle de chef.


1. Memories of Murder (2004)

En 1986, dans la province de Gyunggi, le corps d’une jeune femme violée puis assassinée est retrouvé dans la campagne. Deux mois plus tard, d’autres crimes similaires ont lieu. Dans un pays qui n’a jamais connu de telles atrocités, la rumeur d’actes commis par un serial killer grandit de jour en jour. Une unité spéciale de la police est ainsi créée dans la région afin de trouver rapidement le coupable. Elle est placée sous les ordres d’un policier local et d’un détective spécialement envoyé de Séoul à sa demande. Devant l’absence de preuves concrètes, les deux hommes sombrent peu à peu dans le doute…

Memories of Murder est sans conteste le chef d’oeuvre de monsieur Bong ! Ce polar racontant la traque du premier tueur en série sud-coréen est d »une profondeur incroyable. Que ce soit pour sa représentation des méthodes ridicules de la police de l’époque, qui cherche plus à classer l’affaire qu’à trouver le coupable, la chute aux enfer progressive des personnages qui perdent tout dans cette affaire, le symbolisme habile, l’équilibre parfait entre le comique burlesque, le drame psychologique et le polar noir, la réalisation d’une force incroyable, les acteurs d’une justesse inouïe ou la fin génialement cruelle, il faut à tout prix découvrir Memories of Murder ! Un film dont on n’est incapable de détacher les yeux et qui vous hantera longtemps après le générique de fin !

Plutôt que de nous confondre dans des éloges interminables, nous vous invitons à découvrir Memories of Murder en version restaurée et sur grand écran dans plusieurs cinémas à travers la France ! Ne manquez cette expérience palpitante pour rien au monde !

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